But de cette rubrique
Je vais maintenant vous parler de ce qui me ronge de l'intérieur.
Peut être que certains d'entre vous se reconnaitront dans ce que je vais dire, qui sait ?
Mais surtout ne jugez pas.
Je ne suis pas une extra terrestre, je suis comme vous.
Peut être suis je simplement celle qui ose affirmer tout haut ce que bien d'entre nous préfère taire ou dénigrer.
Peut être que certains d'entre vous se reconnaitront dans ce que je vais dire, qui sait ?
Mais surtout ne jugez pas.
Je ne suis pas une extra terrestre, je suis comme vous.
Peut être suis je simplement celle qui ose affirmer tout haut ce que bien d'entre nous préfère taire ou dénigrer.
Pour Mel, ma petite sœur qui me comprend
La dépression
Ma maladie
En 1998 ou 1999, je suis rentré en dépression.
En voici les principales raisons :
J’ai des parents qui voulaient le meilleur pour moi et m’ont mis, sous ma demande, en collège privé. Ils ont voulu que je réussisse mes études et, au lycée, m’ont forcé à faire la filière scientifique. De par ce fait, ils m’ont donc fait redoubler ma seconde. Je me suis viandée en S et donc j’ai perdu toute crédibilité à leurs yeux. Je ne faisais pas bien les choses, je pouvais être meilleure, je gaspillais leur argent,…
On ne se comprenait plus du tout. C’est vrai qu’ils voulaient bien faire, mais dans une période où on se cherche et on doute de soi, c’est difficile à encaisser des critiques de ce genre. J’avais l’impression d’avoir foiré ma vie en redoublant en première STT. Que j’étais dans une classe poubelle. Que je n’arriverais à rien faire de ma vie.
Mais après, des années après, les relations entre nous se sont arrangées mais les blessures du passé ne pourront jamais être effacées.
Quand je suis arrivé dans mon collège privé, toute contente de ce nouvel environnement, personne ne m’a parlé car ils se connaissaient tous depuis la 6e voir le CE1. J’ai été cataloguée quand par mégarde un élève a surpris une discussion avec mon prof de musique où je lui disais que je faisais du yoga depuis pas mal d’années.
Comme tout le monde le sait, l’inconnu fait peur aux gens et ils le font passer en vous traitant comme des extraterrestres. C’est ce qui s’est passé pour moi. Tout le niveau de 3e et 4e étaient sur mon dos. J’étais la petite nouvelle qui faisait du yoga comme dans le film « un indien dans la ville » et avait des critiques sur ça quotidiennement.
La première année de collège privé, j’ai eu le malheur de me faire mal au cou et j’ai du porter une minerve solide qui englobait tout le cou et l’arrière de la tête, ce qui m’a valu, en plus de mon statut d’illuminé du yoga, les surnoms Robocop ou Donald.
J’ai été cassé mentalement pendant deux ans. Et je me suis plus que renfermé sur moi-même et avait peur de faire le moindre geste pour ne pas aggraver mon « cas ».
J’ai pu retrouver un équilibre mental après mon premier redoublement de seconde où, là, j’ai vraiment rencontré des gens bien qui ne connaissaient pas mon passé et qui m’ont accepté telle que j’étais.
La perte de ma première meilleure amie d’enfance qui était un repère pour moi et qui est devenue l’une de mes pires ennemies (elle m’a fait une crasse que je ne lui pardonnerais jamais malgré les années qui ont passés) ainsi que la perte de ma deuxième meilleure amie qui est allé vivre à Toulouse, me retirant toute possibilité de me confier à quelqu’un.
Plus récemment, la perte de la meilleure amie que je m’étais faite au collège privé qui, en fait, n’en avait rien à foutre de moi et qui changeait d’avis comme de chemise.
Ce qui a aussi pas mal joué c’est que je ne me suis jamais véritablement senti à ma place parmi les autres. Toujours décalée dans la mode en général, ne suivais pas le mouvement fashion victime. Le fait de devoir contrôler tout ce que je disais ou faisais de peur de retomber dans la spirale des années passées. J’étais quelconque et m’habillais comme un sac.
Dans ma vie active, je suis tombé sur des employeurs bizarres (non respect de mes droits en temps que salarié, magouille à deux reprises pour me faire croire que j’étais encore en période d’essai alors que j’étais passé en CDI ferme, exploitation illégale, harcèlement moral, fin de période d’essai au bout d’une semaine et deux jour pour des raisons fumeuses et nébuleuses, signature forcée de documents sans véritablement me dire le pourquoi du comment,..) et n’arrivais pas à passer la période d’essai. Et ceci à quatre reprises.
Donc me suis posé de sérieuses questions quand à mes capacités professionnelles. Je me suis même dis que je n’étais bonne qu’à être caissière tant j’étais nulle et inutile.
Il y a je pense d’autres raisons dont certaines (sentimentales) sont évoquées dans le deuxième sujet, mais vous en connaissez les principales.
Ceci à provoqué chez moi une dévalorisation constante, un gros manque de confiance en moi, la pensée que ma vie était inutile et sans intérêt, une envi d’auto destruction, des crises d’angoisse, la perte d’appétit, le fait que plus rien ne m’intéressait, l’irrespect total de ma propre intégrité physique et mentale.
J’ai pu sortir quelques temps la tête de l’eau mais cette maladie ne m’a plus jamais quittée depuis. Elle est vraiment présente dans ma vie actuellement mais je me prends en main et ai commencé une thérapie sérieuse auprès d’un psy.
Ça va en stagnant mais reste positive pour une guérison dans les années à venir, même si desfois je n’y crois pas trop...
J'ai arrêté de voir mon psy car il s'est permis de me juger.
J'ai tenté d'aller mieux en essayant durant l'année scolaire 2010/2011 les cours de sophrologie et la danse hip hop.
La sophrologie n'a pas repris en cette année scolaire 2011/2012 mais je continus le hip hop.
J'ai de nouveau des crise d’angoisse comme au lycée mais, heureusement, elles sont peu fréquentes mais tout aussi violente. Vivant actuellement seule, c'est assez compliqué à gérer.
Actuellement, le hip hop a cessé mais j'ai commencé l'an dernier à être modèle photo amateur pour avoir une meilleure image de moi et me prouver que je pouvais être belle.
Ceci m'a permis de prendre confiance en moi (un peu).
Je suis dans la même entreprise depuis presque 3 ans.
Je vis dans mon petit chez moi toujours seule mais quand je rentre chez moi je me sens en sécurité et peu rester au calme sans déranger personne.
J'ai bon espoir de repousser un peu plus ma maladie au plus profond de ma tête même si je sais qu'elle ne me quittera jamais complètement.
Dernière mise à jour le 21/10/12
En voici les principales raisons :
J’ai des parents qui voulaient le meilleur pour moi et m’ont mis, sous ma demande, en collège privé. Ils ont voulu que je réussisse mes études et, au lycée, m’ont forcé à faire la filière scientifique. De par ce fait, ils m’ont donc fait redoubler ma seconde. Je me suis viandée en S et donc j’ai perdu toute crédibilité à leurs yeux. Je ne faisais pas bien les choses, je pouvais être meilleure, je gaspillais leur argent,…
On ne se comprenait plus du tout. C’est vrai qu’ils voulaient bien faire, mais dans une période où on se cherche et on doute de soi, c’est difficile à encaisser des critiques de ce genre. J’avais l’impression d’avoir foiré ma vie en redoublant en première STT. Que j’étais dans une classe poubelle. Que je n’arriverais à rien faire de ma vie.
Mais après, des années après, les relations entre nous se sont arrangées mais les blessures du passé ne pourront jamais être effacées.
Quand je suis arrivé dans mon collège privé, toute contente de ce nouvel environnement, personne ne m’a parlé car ils se connaissaient tous depuis la 6e voir le CE1. J’ai été cataloguée quand par mégarde un élève a surpris une discussion avec mon prof de musique où je lui disais que je faisais du yoga depuis pas mal d’années.
Comme tout le monde le sait, l’inconnu fait peur aux gens et ils le font passer en vous traitant comme des extraterrestres. C’est ce qui s’est passé pour moi. Tout le niveau de 3e et 4e étaient sur mon dos. J’étais la petite nouvelle qui faisait du yoga comme dans le film « un indien dans la ville » et avait des critiques sur ça quotidiennement.
La première année de collège privé, j’ai eu le malheur de me faire mal au cou et j’ai du porter une minerve solide qui englobait tout le cou et l’arrière de la tête, ce qui m’a valu, en plus de mon statut d’illuminé du yoga, les surnoms Robocop ou Donald.
J’ai été cassé mentalement pendant deux ans. Et je me suis plus que renfermé sur moi-même et avait peur de faire le moindre geste pour ne pas aggraver mon « cas ».
J’ai pu retrouver un équilibre mental après mon premier redoublement de seconde où, là, j’ai vraiment rencontré des gens bien qui ne connaissaient pas mon passé et qui m’ont accepté telle que j’étais.
La perte de ma première meilleure amie d’enfance qui était un repère pour moi et qui est devenue l’une de mes pires ennemies (elle m’a fait une crasse que je ne lui pardonnerais jamais malgré les années qui ont passés) ainsi que la perte de ma deuxième meilleure amie qui est allé vivre à Toulouse, me retirant toute possibilité de me confier à quelqu’un.
Plus récemment, la perte de la meilleure amie que je m’étais faite au collège privé qui, en fait, n’en avait rien à foutre de moi et qui changeait d’avis comme de chemise.
Ce qui a aussi pas mal joué c’est que je ne me suis jamais véritablement senti à ma place parmi les autres. Toujours décalée dans la mode en général, ne suivais pas le mouvement fashion victime. Le fait de devoir contrôler tout ce que je disais ou faisais de peur de retomber dans la spirale des années passées. J’étais quelconque et m’habillais comme un sac.
Dans ma vie active, je suis tombé sur des employeurs bizarres (non respect de mes droits en temps que salarié, magouille à deux reprises pour me faire croire que j’étais encore en période d’essai alors que j’étais passé en CDI ferme, exploitation illégale, harcèlement moral, fin de période d’essai au bout d’une semaine et deux jour pour des raisons fumeuses et nébuleuses, signature forcée de documents sans véritablement me dire le pourquoi du comment,..) et n’arrivais pas à passer la période d’essai. Et ceci à quatre reprises.
Donc me suis posé de sérieuses questions quand à mes capacités professionnelles. Je me suis même dis que je n’étais bonne qu’à être caissière tant j’étais nulle et inutile.
Il y a je pense d’autres raisons dont certaines (sentimentales) sont évoquées dans le deuxième sujet, mais vous en connaissez les principales.
Ceci à provoqué chez moi une dévalorisation constante, un gros manque de confiance en moi, la pensée que ma vie était inutile et sans intérêt, une envi d’auto destruction, des crises d’angoisse, la perte d’appétit, le fait que plus rien ne m’intéressait, l’irrespect total de ma propre intégrité physique et mentale.
J’ai pu sortir quelques temps la tête de l’eau mais cette maladie ne m’a plus jamais quittée depuis. Elle est vraiment présente dans ma vie actuellement mais je me prends en main et ai commencé une thérapie sérieuse auprès d’un psy.
Ça va en stagnant mais reste positive pour une guérison dans les années à venir, même si desfois je n’y crois pas trop...
J'ai arrêté de voir mon psy car il s'est permis de me juger.
J'ai tenté d'aller mieux en essayant durant l'année scolaire 2010/2011 les cours de sophrologie et la danse hip hop.
La sophrologie n'a pas repris en cette année scolaire 2011/2012 mais je continus le hip hop.
J'ai de nouveau des crise d’angoisse comme au lycée mais, heureusement, elles sont peu fréquentes mais tout aussi violente. Vivant actuellement seule, c'est assez compliqué à gérer.
Actuellement, le hip hop a cessé mais j'ai commencé l'an dernier à être modèle photo amateur pour avoir une meilleure image de moi et me prouver que je pouvais être belle.
Ceci m'a permis de prendre confiance en moi (un peu).
Je suis dans la même entreprise depuis presque 3 ans.
Je vis dans mon petit chez moi toujours seule mais quand je rentre chez moi je me sens en sécurité et peu rester au calme sans déranger personne.
J'ai bon espoir de repousser un peu plus ma maladie au plus profond de ma tête même si je sais qu'elle ne me quittera jamais complètement.
Dernière mise à jour le 21/10/12
Article Wikipédia sur le sujet
Dépression (psychiatrie)
En psychiatrie le terme 'dépression' du latin depressio[1]. , « enfoncement » désigne une maladie dont la manifestation centrale est un état mental caractérisé par une lassitude importante, une dépréciation de soi, un pessimisme qui entraînent des perturbations importantes dans les rapports psycho-affectifs.
C'est une maladie fréquente, qui affecte presque 20 % des gens au cours de leur vie, et qui marque une rupture avec le fonctionnement psychologique habituel du patient.
Il ne faut pas confondre la dépression avec ce qu'on appelle communément « coup de blues ».
L'humeur (ou thymie) dépressive
On observe au cours de la dépression un ensemble de symptômes organisés autour d'une perturbation de l'humeur dite humeur dépressive (ou thymie dépressive). Par le terme humeur, on désigne la disposition affective de base donnant un éprouvé agréable ou désagréable oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. L’humeur peut être normale (on parle alors d’euthymie), expansive ou hyperthymique ou encore triste voire mélancolique comme dans le syndrome dépressif.
L'humeur dépressive est un éprouvé négatif (distorsions cognitives) de la relation du sujet au monde et à lui-même : sentiment que sa vie est un échec, la situation sans espoir, l’avenir impossible, perte du plaisir (anhédonie) et d’intérêt. Au cours du syndrome mélancolique, cette sensation pénible est poussée à son paroxysme, et l'on parle alors de douleur morale.
La variété des symptômes associés à cette perturbation de l'humeur, des profils évolutifs, des contextes d'apparition a conduit à proposer des classifications des troubles dépressifs, lesquelles ont varié au cours du temps. Il est utile également de différencier les dépressions des différents âges de la vie, qui conduisent à des tableaux bien différents.
La dépression chez l'adulte
Il s'agit d'un trouble psychiatrique, comportant souvent des risques, pouvant parfois mener au suicide. Du point de vue épidémiologique, les chercheurs estiment que cette maladie est sous-diagnostiquée, sous-estimée et sous-traitée. Elle se manifeste la plupart du temps par une conjonction et/ou une addition de symptômes comme :
Dépression endogène et Dépression névrotico-réactionnelle
La dépression endogène est caractérisée par une douleur morale latente contrastant avec une indifférence affective (appelée également anesthésie affective) pour l’extérieur, un pessimisme foncier, une inhibition marquée, des thèmes d’autodévaluation et d’autoaccusation des idées délirantes de ruine, de catastrophe, d’incurabilité, une insomnie par réveil précoce, une anorexie avec amaigrissement, un dégoût de la vie inaccessible à toute argumentation. La fluctuation des symptômes dans la journée est particulière dans les dépressions endogènes : très marquée au réveil (le matin), ils tendent à s’estomper en fin de journée. Dans l’ensemble, le déprimé mélancolique méconnait l’aspect pathologique de son état et refuse tout recours médical, jugé inutile. Forme unipolaire et bipolaire de dépression : la dépression endogène est souvent l’expression d'un trouble bipolaire (anciennement dénommé « psychose maniaco-dépressive »). Celle-ci, initialement bien délimitée, tend à être divisée en catégories à cause des aspects évolutifs, des antécédents familiaux et des réponses thérapeutiques inégales au même traitement. La forme bipolaire est constituée d’accès dépressifs et d’épisodes d’excitation euphorique, séparés par un intervalle libre. La forme unipolaire est quant à elle définie par la survenue répétitive d’un seul type d’accès en règle générale dépressif.
Les classifications actuelles
L'épisode dépressif majeur
Ce terme, imposé par le DSM, signifie en fait « dépression caractérisée ». Bien qu'ils ne fassent pas l'unanimité, les critères du trouble dépressif majeur sont : Une personne doit présenter au moins 5 des 9 symptômes suivants pour une durée d'au moins deux semaines, la plupart du temps, entrainant un changement dans le mode de fonctionnement habituel. Au moins l'un de ces deux critères doit être présent : Humeur triste, Anhédonie.
La mélancolie
Le terme mélancolie était utilisé en psychiatrie pour caractériser un état dépressif grave et aigu présentant de grands risques de passage à l'acte suicidaire. Il a aujourd'hui été délaissé et on utilise plus couramment l'expression dépression majeure. On parlait aussi de mélancolie stuporeuse pour décrire des états caractérisés par un ralentissement psychomoteur intense qui peut aller jusqu'à immobilité totale, un état prostré et incapable de boire ou de s'alimenter.
Considérée comme la forme la plus grave d'état dépressif majeur, la mélancolie se manifeste par :
Dépressions psychotiques
Elles se caractérisent par des délires de culpabilité, de honte universelle, de punition, de damnation, d'appauvrissement mental, de négation d'organes...
Dépressions hostiles, agressives
La personnalité du sujet semble avoir changé radicalement. Il est devenu plus agressif, plus impulsif, ses colères sont mal maitrisées, il a des violences soudaines inhabituelles… Cela viendrait du fait que le sujet ne supporte plus l'idée d'être l'objet de remarques blessantes (existantes ou supposées) à son égard : « Secoue-toi », « Tu as tout pour être heureux », etc.
La Dépression masquée
Les dépressions masquées ou hypocondriaques se caractérisent par une absence de symptômes de l'humeur dépressive avec une prépondérance des plaintes somatiques. Elles prennent souvent l'aspect d'une douleur atypique, continue, fixée, qui reste malgré la prescription d'antidouleur. Le sujet est souvent inconscient qu'il souffre moralement, c'est la raison pour laquelle il « somatise ».
Dépressions anxieuses, agitées
Ces sujets courent un risque suicidaire élevé. Contrairement aux caractéristiques courantes de la dépression, l'agitation psychique et motrice sont majeures, ils sont enclins à des crises de panique.
Dépressions saisonnières
La dépression saisonnière s'installe à l'automne ou au début de l'hiver et dure jusqu'au printemps. Ses symptômes sont ceux de tout épisode dépressif : tristesse permanente, perte d'intérêt générale, irritabilité, troubles de sommeil, perte ou gain de poids, pensées suicidaires.
Les symptômes de la dépression saisonnière se distinguent de ceux des blues de l'hiver, lesquels ne nous empêchent pas de continuer à assumer nos activités quotidiennes. Ceux qui souffrent de dépression saisonnière sont très affectés dans leur quotidien (travail, relations...).
La cause exacte n'en est pas connue, mais la diminution de l'intensité de la lumière naturelle et de sa durée semble jouer un rôle important.
Traitement : il repose sur la psychothérapie, les antidépresseurs, l'alimentation (aliments riches en mélatonine, tels que les noix) et de façon complémentaire et croissante, sur la photothérapie ; Des séances d'exposition à la lumière (dans un fauteuil permettant la lecture ou en cabines spécialement aménagées, permettant de compenser la diminution de la lumière naturelle). La luminothérapie est un traitement souvent proposé quand cette affection se présente de manière isolée.
Cas particuliers
Dépression du bébé
Des tableaux de dépression graves, pouvant mettre en jeu le pronostic vital, ont été décrits depuis les années 1950 chez les bébés, notamment après de brutales pertes parentales. René Spitz a ainsi défini l'hospitalisme, état survenant lors d'une séparation brutale avec les parents, passant par une phase de pleurnichements, puis une phase de protestation, glapissement, perte rapide de poids, arrêt du développement ; puis une troisième phase de désinvestissement du monde qui l'entoure et de retrait conduisant à ce que Spitz a nommé la dépression anaclitique. Ce tableau clinique peut régresser si des mesures adéquates sont prises rapidement. S'il se prolonge, il peut être à l'origine de troubles intellectuels, des apprentissages, de difficultés psychologiques, avec une plus grande vulnérabilité aux séparations, réalisant des tableaux carentiels dont le risque évolutif est lourd.
Des diagnostics de dépression du bébé ou de l'enfant peuvent être posés par erreur dans le cas d'enfants souffrant d'autisme ou d'un autre trouble envahissant du développement.
Dépression de l'enfant
La dépression existe chez l'enfant, mais a été repérée tard (dans les années 1970). En effet, contrairement à l'adulte, l'enfant déprimé ne se plaint pas de tristesse ni de désespoir, et sa symptomatologie est peu bruyante. Une conférence de consensus française de 1995 a permis d'en clarifier la symptomatologie et les principes d'interventions thérapeutiques.
Des diagnostics de dépression du bébé ou de l'enfant peuvent être posés par erreur dans le cas d'enfants souffrant d'autisme ou d'un autre trouble envahissant du développement. Depuis peu, ce diagnostic est de plus en plus souvent avancé dans de tels cas, par les psychologues des CMPP et des sections de psychiatrie infantile des hôpitaux français.
Dépression de l'adolescent
La dépression à l'adolescence peut parfois être caractérisée par les mêmes symptômes que chez l'adulte. Assez souvent pourtant, le tableau clinique est bien différent.
On observe alors :
Il est parfois difficile de faire la différence entre une dépression et un simple moment évolutif de l'adolescence, et le recours à des spécialistes est préconisé. C'est d'autant plus difficile que l'adolescent répond généralement que « tout va bien ». On recherche alors la triade de Beck, signe en faveur d'une dépression authentique et qui traduit le profond sentiment de dévalorisation de l'adolescent déprimé :
Dépression de la personne âgée
Elle est fréquente, sous plusieurs formes ;
Les dépressions pseudo-démentielles, formes bien particulières, se caractérisent par des troubles graves :
· de la mémoire ;
· de l'orientation ;
· de la vigilance ;
· du jugement ;
· de régression affective ;
· des performances intellectuelles. On les rencontre généralement chez les sujets âgés, rarement chez des sujets jeunes.
· de la culpabilité
Dépression et maladie d'Alzheimer
La prévalence de la dépression est très élevée (20 à 25% des cas) chez les patients Alzheimer.
Une étude récente (2008) montre que pour la maladie d'Alzheimer, l'exposition à la lumière naturelle diminue les symptômes de dépression (de -19% dans l'étude), et que par ailleurs la prise de mélatonine facilite l'endormissement (8 mn plus tôt) et allonge le sommeil de 27 mn en moyenne). L'association Lumière + mélatonine a aussi diminué les comportements agressifs (- 9%), les phases d'agitation et de réveils nocturnes. " Le Dr Albert Lachman (spécialiste des troubles du sommeil) estime qu'en améliorant le sommeil du malade on améliore aussi les fonctions cognitives et l'humeur. Il conseille "de bien éclairer les pièces en journée, de laisser les rideaux ouverts et, à l'inverse, de diminuer les sources de lumière en soirée pour que l'organisme reçoive le signal que la nuit est là". "Malheureusement, dans certaines maisons de repos, pour des questions d'organisation, on fait plutôt l'inverse" ajoute-t-il.
La dépression du post-partum
La dépression post-natale est à différencier du simple baby blues. Elle survient le plus souvent après un intervalle libre de à 2 mois et réalise un tableau de dépression typique ou masquée ; c'est la plus fréquente des complications du post-partum, dans environ 15 % des accouchements.
Diagnostic
Il repose sur les éléments cliniques donnés plus haut. Il n'existe aucun marqueur biologique ni aucun test remplaçant le diagnostic clinique. En revanche, de nombreux diagnostics différentiels existent.
Différentes échelles existent pour diagnostiquer et quantifier la dépression (échelle de dépression de Hamilton, échelle de dépression de Beck, échelle de Yesavage, Echelle de dépression HAD...)
Origines des dépressions
La dépression peut être vue comme résultant de l'interaction d'un ensemble de facteurs psychologiques, biologiques, sociaux et génétiques.
Origines biologiques
Des études ont montré la présence de différentes dysfonctions neurobiologiques chez les gens déprimés. Entre autres, les niveaux de sérotonine et la noradrénaline (des neurotransmetteurs) sont impliqués dans la dépression.
Un certain nombre d'anomalies biologiques ont ainsi été retrouvées dans le sang ou le cerveau des dépressifs. Il n'est cependant pas toujours clair si ces anomalies sont causes ou conséquences de la maladie, ce qui peut expliquer certains échecs des traitements médicamenteux. Elles ouvrent toutefois la voie à de nouvelles thérapeutiques pharmacologiques.
Les recherches sur les causes de la dépression ont mené les chercheurs à se pencher sur la chimie du cerveau. On sait maintenant qu’un mauvais fonctionnement du circuit de noradrénaline ou de sérotonine contribue à la dépression chez certains individus, mais les neurotransmetteurs commencent à peine à livrer leurs mystères et même aujourd’hui, on ne connaît pas encore toutes leurs implications sur le comportement humain.
Une autre hypothèse serait la présence d'une anomalie des récepteurs cérébraux. Cette théorie évoque une anomalie du nombre des récepteurs post-synaptiques. Elle concerne encore les monoamines neuromédiatrices mais selon un modèle différent. Le nombre des récepteurs où viennent se fixer les neurotransmetteurs après leur traversée de la synapse n’est pas fixée mais il se modifie en fonction de leur quantité afin de maintenir une transmission d’influx assez constante :
Origines psychologiques
L'aspect biologique n'est pas pour autant nécessairement « la cause » de la dépression. Voici ce qu'en dit le Dr. Michael Spevack : « On sait maintenant qu'il s'agit d'un cercle vicieux où chaque facteur influence et aggrave l'autre : les pensées négatives ont pour effet d'abaisser l'humeur, ce qui entraine fort probablement un certain déséquilibre dans la chimie du cerveau. En s'attaquant au traitement de l'un ou l'autre de ces facteurs, on peut aider les gens à se sentir mieux. »
Les aspects biologiques, cognitifs (mentaux), émotifs et comportementaux du fonctionnement humain sont en constante interaction. Une modification de n'importe lequel de ces aspects a un impact sur les autres. Lorsqu'une personne est dépressive, elle a tendance à voir la réalité de façon plus négative. En retour, cette interprétation plus négative amplifie les émotions dépressives. D'autre part, les interprétations négatives de la réalité et les émotions dépressives influencent les comportements (amenant par exemple de la passivité) qui, en retour, ont un impact sur les pensées et les émotions. Il existe aussi des facteurs intrapsychiques souvent inconscients qui relèvent du processus de deuil, d'une angoisse de perte d'objet ou autres conflits comme les psychanalystes les ont développés. Freud dans Deuil et mélancolie, Karl Abraham, et Mélanie Klein, etc., ont ouvert le champ d'une compréhension profonde de la dépression.
Par ailleurs, la dépression se développe souvent en réaction à un évènement ou une situation générateurs de stress. Cependant, selon nos façons de voir les choses, nous ne présentons pas tous la même vulnérabilité face aux différents types de causes de stress. Un évènement « heureux » peut paradoxalement représenter un stress (promotion, mariage, etc.) et inversement.
La théorie du renversement interprète la dépression comme traduisant un fonctionnement empêché de la multistabilité entre des états de motivation satisfaisants.
Profils à risque et dépression
1) Personne sociotrope
Définition : Individu ayant un important besoin d'attention et d'encouragement de la part des autres.
Événement dépressogènes : Se sentir critiqué, mis à l'écart.
Impact sur l'estime de soi : Remise en question de son acceptabilité sociale.
2) Personne autonome
Définition : Individu ayant besoin d'atteindre ses objectifs, sans contrôle ni entraves de la part des autres.
Événement dépressogènes : Être mis en échec, être dépendant d'autres personnes.
Impact sur l'estime de soi : Remise en question de ses capacités de contrôle sur les événements.
Source : Christophe André et François Lelord, L'estime de soi, Éditions Odile Jacob, 1999.
Origines génétiques
Il est reconnu que pour certaines dépressions des facteurs héréditaires jouent un rôle dans la création du déséquilibre chimique dans le cerveau d'une personne lorsqu'elle vit une dépression. Même si certains gènes sont impliqués dans la dépression, il ne semble pas qu’ils déclenchent inévitablement la maladie. Ils se contenteraient de transmettre une susceptibilité à entrer plus facilement dans un état dépressif. Susceptibilité qu’un évènement extérieur où une personnalité particulière pourrait transformer en véritable dépression. La part génétique de la dépression est de l'ordre du tiers (ce qui est moins que pour une schizophrénie ou un syndrome bipolaire). Cette héritabilité serait plus importante dans les formes graves ou survenant précocement. Il est également important de réaliser que peu importe le ou les facteurs ayant précipité une personne dans un état dépressif, la voie finale commune de la dépression, si l’on peut dire, implique un déséquilibre de certains neurotransmetteurs dans le cerveau.
Origines sociales
Un environnement pénible (rythme de vie effréné, soucis professionnels et/ou familiaux, chômage, divorce, deuil, isolement, déracinement, déménagement) perturbe l'état de santé plus ou moins gravement, plus ou moins longtemps.
L'enfance est un moment-clé : il existe des preuves que les personnes ayant subi dans leur enfance la perte de personnes importantes sont davantage sujettes à des dépressions plus tard dans leur vie.
L'importance et la qualité du soutien que nous recevons par nos relations interpersonnelles (proches parents, conjoints, enfants, amis...) peut nous protéger contre le stress et les tensions de la vie quotidienne, et réduire les réactions physiques et émotionnelles au stress, l'une d'entre elles pouvant être la dépression.
D'autre part l'absence d'une relation étroite, de confiance, peut augmenter le risque de dépression. Les mauvais traitements ou l'infidélité d'un ou d'une partenaire sont des facteurs aggravants. Il est démontré que la vie de couple peut d'une certaine manière protéger contre le développement de la dépression chez les hommes et les femmes si des tâches telle que s'occuper de la maison ou des enfants sont partagées. Cependant, les femmes qui ne travaillent pas et qui restent à la maison pour s'occuper des enfants en bas âge sont plus susceptible de dépression, particulièrement lorsque la garde des enfants et des problèmes d'argent entrent en ligne de compte, et le taux de dépression après la perte d'un époux est accru.
Épidémiologie de la dépression
En France, la dépression frappe chaque année 3 millions de personnes âgés de 15 à 75 ans (deux fois plus de femmes que d'hommes). Sachant qu'un cas sur deux n'est pas soigné, ce chiffre progresse avec la précarité, le vieillissement et la solitude.
Des études montrent que :
On voit donc que le diagnostic n'est pas évident, d'une part parce que les personnes ne sont en général pas conscientes elle-même de leur dépression, et se présentent pour des troubles somatiques trompeurs, en général des douleurs. Selon Jay Pomerantz, le fait de poser systématiquement les deux questions suivantes à chaque consultation permettrait d'améliorer le diagnostic de dépression (ce test aurait une spécificité de 67 % et une sensibilité de 97 %) :
L'Association américaine de psychiatrie recommande que trois consultations au minimum soient programmées au cours des trois mois qui suivent le diagnostic d'une dépression, même mineure. En effet, les traitements anti-dépresseurs étant de longue durée, il y a un risque accru que le patient arrête lui-même son traitement.
Traitement
Outre la luminothérapie, qui est encore émergente, il existe quatre principaux traitements utilisés pendant les épisodes dépressifs et en prévention de la récurrence d'épisodes dépressifs :
Médicaments
Les principales familles d'antidépresseurs sont les IMAO, Tricycliques, SSRI et SNRI et le Lithium. Les traitements les plus récents et généralement bien tolérés en raison du nombre réduit d'effets secondaires sont les SSRI et le SNRI. Ces principes actifs inhibent respectivement la recapture de la sérotonine et de la sérotonine + noradrénaline en bloquant le site de recapture situé en amont de la fente synaptique. Les niveaux de ces neurotransmetteurs s'en trouvent ainsi augmentés. Les Tricycliques et IMAO sont des principes actifs puissants mais ont le défaut d'être moins sélectifs que les SSRI/SNRI : ils modifient la concentration d'autres neurotransmetteurs (monoamines) du système nerveux central, leurs effets secondaires sont plus lourds et ils sont utilisés dans les formes sévères des différents types de dépression. Par ailleurs, les IMAO imposent des restrictions d'associations médicamenteuses et des restrictions alimentaires, Ils ne doivent en aucun cas être associés aux SSRI/SNRI, au risque de déclencher un syndrome sérotoninergique éventuellement mortel. Le Lithium (proche du sodium et du potassium avec qui il partage plusieurs propriétés) est le régulateur de l'humeur le plus utilisé dans les troubles bipolaires. Il est efficace dans les trois quart des patients maniaco-dépressifs, mais son mécanisme d'action reste mal connu, tant contre les phases maniaque que dépressives. Dans la cellule, il pourrait altérer le transport transmembranaire du sodium et ainsi modifier la conduction nerveuse. Il augmenterait aussi l'activité du système nerveux sérotoninergique. Il pourrait également agir sur un système de second messager dans le neurone post-synaptique, déclenchent une cascade de réaction biochimique, dont l'une implique le second messager phosphatidylinositol. Le Lithium inhiberait l'enzyme chargée de transformer l'inositol phosphate en inositol libre, d'où une accumulation d'inositol phosphate qui pourrait avoir de nombreux effets dans le neurone post-synaptique. La principale difficulté est le dosage, qui doit être très précis pour minimiser ses effets secondaires (nausée, diarrhée, perte d'appétit, soif, voire insuffisance rénale).
Selon les cas, certains autres traitements peuvent être associés aux antidépresseurs : somnifères pour aider à restaurer sommeil et repos en attendant l'efficacité du traitement de fond, anxiolytiques, voire médicaments potentialisant l'effet des antidépresseurs.
Depuis 2006, plusieurs études recommandent l'association d'un antidépresseur avec des séances de luminothérapie. La luminothérapie a donné des preuves indiscutables dans la dépression saisonnière et mérite d'être essayée dans les autres dépressions surtout qu'il ne s'agit pas d'un médicament mais d'un simple apport de lumière qui fait très souvent défaut chez les malades dépressifs.
L'efficacité de la dernière génération d'antidépresseurs (antagonistes de la recapture de la noradrénaline ou de la sérotonine) reste cependant modérée dans les dépressions sévères et quasi nulle dans les formes modérées.
Le millepertuis est efficace comme antidépresseur chez des patients atteints de dépression légère à modérée, mais pas dans la dépression sévère. Le mécanisme d'action serait une inhibition de la recapture de la sérotonine.
Psychothérapies
Souvent utilisées en complément des traitements médicamenteux, une approche sollicitée est la thérapie comportementale et cognitive (TCC) visant à identifier les modèles de pensée négatifs et de fournir au patient des méthodes pour les contrer. Du point de vue du béhaviorisme on considère en effet que la dépression présente un régime de pensées négatives auto-entretenu et que le fait de s'opposer à ce cycle permet une rémission plus rapide. La psychanalyse ou la psychothérapie psychanalytique sont des traitements de fond qui visent à appréhender les conflits inconscients à l'origine de la dépression.
La musicothérapie a une certaine efficacité même si les quelques études qui y sont consacrées restent critiquables dans leur méthodologie.
Sismothérapie
La sismothérapie vise à reproduire une crise convulsive (épileptique). L'intervention est réalisée sous anesthésie générale, sous ventilation assistée après administration d'un relaxant musculaire. Un bref courant est appliqué au niveau d'un ou des deux lobes temporaux. Le mécanisme d'action est encore aujourd'hui mal compris. Son efficacité est démontrée. Cette thérapie suscite une controverse, alimentée principalement par le caractère d'apparence barbare de cette intervention lors de ses premières utilisations en psychiatrie avant la deuxième guerre mondiale. Elle reste utilisée mais présente occasionnellement des effets secondaires importants pour le patient : pertes de mémoire (rapidement réversibles). Son indication reste les syndromes dépressifs graves après échecs de plusieurs cures médicamenteuses ou en première intention si le pronostic vital est engagé (catatonie) ou si le patient le souhaite.
Stimulation Magnétique Transcrânienne (TMS)
La Stimulation Magnétique Transcrânienne (TMS, de l'anglais Transcranial Magnetic Stimulation) est une technique non invasive qui permet de stimuler des zones précises du cortex cérébral au moyen d'impulsions magnétiques de très courte durée mais dont l'intensité est comparable à celle utilisée en Imagerie par résonance magnétique (jusqu'à 3 Teslas). Les impulsions magnétiques provoquent localement l'apparition de champs électriques de faible intensité qui modifient l'activité neuronale.
La TMS suscite de l’intérêt notamment comme une alternative possible à la sismothérapie. Cependant, contrairement à celle-ci, la TMS ne nécessite ni hospitalisation ni anesthésie, et ne provoque pas de trouble de la mémoire. Si la TMS est généralement considérée comme un traitement des dépressions pharmaco-résistantes, des études montrent également sa complémentarité avec les traitements médicamenteux, dont elle accélère l'efficacité.
La TMS fait encore l'objet de nombreuses recherches cliniques qui cherchent à valider les paramètres optimaux (fréquence de stimulation, nombre de séances, durée des séances, cible neuroanatomique...).
Bibliographie
Liens externes
En psychiatrie le terme 'dépression' du latin depressio[1]. , « enfoncement » désigne une maladie dont la manifestation centrale est un état mental caractérisé par une lassitude importante, une dépréciation de soi, un pessimisme qui entraînent des perturbations importantes dans les rapports psycho-affectifs.
C'est une maladie fréquente, qui affecte presque 20 % des gens au cours de leur vie, et qui marque une rupture avec le fonctionnement psychologique habituel du patient.
Il ne faut pas confondre la dépression avec ce qu'on appelle communément « coup de blues ».
L'humeur (ou thymie) dépressive
On observe au cours de la dépression un ensemble de symptômes organisés autour d'une perturbation de l'humeur dite humeur dépressive (ou thymie dépressive). Par le terme humeur, on désigne la disposition affective de base donnant un éprouvé agréable ou désagréable oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. L’humeur peut être normale (on parle alors d’euthymie), expansive ou hyperthymique ou encore triste voire mélancolique comme dans le syndrome dépressif.
L'humeur dépressive est un éprouvé négatif (distorsions cognitives) de la relation du sujet au monde et à lui-même : sentiment que sa vie est un échec, la situation sans espoir, l’avenir impossible, perte du plaisir (anhédonie) et d’intérêt. Au cours du syndrome mélancolique, cette sensation pénible est poussée à son paroxysme, et l'on parle alors de douleur morale.
La variété des symptômes associés à cette perturbation de l'humeur, des profils évolutifs, des contextes d'apparition a conduit à proposer des classifications des troubles dépressifs, lesquelles ont varié au cours du temps. Il est utile également de différencier les dépressions des différents âges de la vie, qui conduisent à des tableaux bien différents.
La dépression chez l'adulte
Il s'agit d'un trouble psychiatrique, comportant souvent des risques, pouvant parfois mener au suicide. Du point de vue épidémiologique, les chercheurs estiment que cette maladie est sous-diagnostiquée, sous-estimée et sous-traitée. Elle se manifeste la plupart du temps par une conjonction et/ou une addition de symptômes comme :
- troubles du sommeil,
- manque d'énergie, de motivation,
- l'humeur triste,
- irritabilité,
- mal de vivre,…
Dépression endogène et Dépression névrotico-réactionnelle
La dépression endogène est caractérisée par une douleur morale latente contrastant avec une indifférence affective (appelée également anesthésie affective) pour l’extérieur, un pessimisme foncier, une inhibition marquée, des thèmes d’autodévaluation et d’autoaccusation des idées délirantes de ruine, de catastrophe, d’incurabilité, une insomnie par réveil précoce, une anorexie avec amaigrissement, un dégoût de la vie inaccessible à toute argumentation. La fluctuation des symptômes dans la journée est particulière dans les dépressions endogènes : très marquée au réveil (le matin), ils tendent à s’estomper en fin de journée. Dans l’ensemble, le déprimé mélancolique méconnait l’aspect pathologique de son état et refuse tout recours médical, jugé inutile. Forme unipolaire et bipolaire de dépression : la dépression endogène est souvent l’expression d'un trouble bipolaire (anciennement dénommé « psychose maniaco-dépressive »). Celle-ci, initialement bien délimitée, tend à être divisée en catégories à cause des aspects évolutifs, des antécédents familiaux et des réponses thérapeutiques inégales au même traitement. La forme bipolaire est constituée d’accès dépressifs et d’épisodes d’excitation euphorique, séparés par un intervalle libre. La forme unipolaire est quant à elle définie par la survenue répétitive d’un seul type d’accès en règle générale dépressif.
Les classifications actuelles
L'épisode dépressif majeur
Ce terme, imposé par le DSM, signifie en fait « dépression caractérisée ». Bien qu'ils ne fassent pas l'unanimité, les critères du trouble dépressif majeur sont : Une personne doit présenter au moins 5 des 9 symptômes suivants pour une durée d'au moins deux semaines, la plupart du temps, entrainant un changement dans le mode de fonctionnement habituel. Au moins l'un de ces deux critères doit être présent : Humeur triste, Anhédonie.
- Humeur triste (dépressive) : décrite comme plus intense que la douleur d'un deuil. Le malade est sans joie et opprimé, parfois il est incapable de percevoir tout sentiment. En général l'humeur est au pire le matin. Chez les enfants et adolescents, cela peut se manifester par une irritabilité accrue.
- Anhédonie : diminution du plaisir ou de l'intérêt pour toutes activités, y compris celles qui procurent du plaisir habituellement. Les habitudes se modifient, les passe-temps sont délaissés, tout semble monotone et vide, y compris les activités habituellement gratifiantes.
- Modification involontaire du poids : prise ou perte de 5 % ou plus du poids habituel en un mois. Éventuellement, modification récente de l'appétit
- Troubles du sommeil : diminution (insomnie) ou augmentation (hypersomnie) du temps de sommeil
- Troubles de la concentration ou du processus de prise de décision
- Troubles du comportement : agitation ou ralentissement (bradypsychie) rapportée par l'entourage.
- Asthénie : sensation de fatigue ou de diminution d'énergie
- Sentiments de culpabilité hypertrophiés, souvent injustifiés et liés à l'auto-dépréciation du patient.
- Idées noires : volonté de mourir, idées suicidaires actives, avec ou sans plan spécifique, finalement tentative de suicide.
La mélancolie
Le terme mélancolie était utilisé en psychiatrie pour caractériser un état dépressif grave et aigu présentant de grands risques de passage à l'acte suicidaire. Il a aujourd'hui été délaissé et on utilise plus couramment l'expression dépression majeure. On parlait aussi de mélancolie stuporeuse pour décrire des états caractérisés par un ralentissement psychomoteur intense qui peut aller jusqu'à immobilité totale, un état prostré et incapable de boire ou de s'alimenter.
Considérée comme la forme la plus grave d'état dépressif majeur, la mélancolie se manifeste par :
- l'intensité de la douleur morale,
- l'importance du ralentissement psychomoteur,
- une aboulie complète,
- des contenus de pensée particulièrement négatifs et désespérés,
- un sentiment de culpabilité omniprésent,
- un sentiment d'incurabilité,
- des idées « noires » (idées d'être puni de mort, ruminations suicidaires…),
- une anorexie grave. (Parfois, il peut s'agir d'une boulimie, en tous les cas, troubles de l'appétit.),
- des réveils matinaux précoces dans un état d'angoisse douloureux.
Dépressions psychotiques
Elles se caractérisent par des délires de culpabilité, de honte universelle, de punition, de damnation, d'appauvrissement mental, de négation d'organes...
Dépressions hostiles, agressives
La personnalité du sujet semble avoir changé radicalement. Il est devenu plus agressif, plus impulsif, ses colères sont mal maitrisées, il a des violences soudaines inhabituelles… Cela viendrait du fait que le sujet ne supporte plus l'idée d'être l'objet de remarques blessantes (existantes ou supposées) à son égard : « Secoue-toi », « Tu as tout pour être heureux », etc.
La Dépression masquée
Les dépressions masquées ou hypocondriaques se caractérisent par une absence de symptômes de l'humeur dépressive avec une prépondérance des plaintes somatiques. Elles prennent souvent l'aspect d'une douleur atypique, continue, fixée, qui reste malgré la prescription d'antidouleur. Le sujet est souvent inconscient qu'il souffre moralement, c'est la raison pour laquelle il « somatise ».
Dépressions anxieuses, agitées
Ces sujets courent un risque suicidaire élevé. Contrairement aux caractéristiques courantes de la dépression, l'agitation psychique et motrice sont majeures, ils sont enclins à des crises de panique.
Dépressions saisonnières
La dépression saisonnière s'installe à l'automne ou au début de l'hiver et dure jusqu'au printemps. Ses symptômes sont ceux de tout épisode dépressif : tristesse permanente, perte d'intérêt générale, irritabilité, troubles de sommeil, perte ou gain de poids, pensées suicidaires.
Les symptômes de la dépression saisonnière se distinguent de ceux des blues de l'hiver, lesquels ne nous empêchent pas de continuer à assumer nos activités quotidiennes. Ceux qui souffrent de dépression saisonnière sont très affectés dans leur quotidien (travail, relations...).
La cause exacte n'en est pas connue, mais la diminution de l'intensité de la lumière naturelle et de sa durée semble jouer un rôle important.
Traitement : il repose sur la psychothérapie, les antidépresseurs, l'alimentation (aliments riches en mélatonine, tels que les noix) et de façon complémentaire et croissante, sur la photothérapie ; Des séances d'exposition à la lumière (dans un fauteuil permettant la lecture ou en cabines spécialement aménagées, permettant de compenser la diminution de la lumière naturelle). La luminothérapie est un traitement souvent proposé quand cette affection se présente de manière isolée.
Cas particuliers
Dépression du bébé
Des tableaux de dépression graves, pouvant mettre en jeu le pronostic vital, ont été décrits depuis les années 1950 chez les bébés, notamment après de brutales pertes parentales. René Spitz a ainsi défini l'hospitalisme, état survenant lors d'une séparation brutale avec les parents, passant par une phase de pleurnichements, puis une phase de protestation, glapissement, perte rapide de poids, arrêt du développement ; puis une troisième phase de désinvestissement du monde qui l'entoure et de retrait conduisant à ce que Spitz a nommé la dépression anaclitique. Ce tableau clinique peut régresser si des mesures adéquates sont prises rapidement. S'il se prolonge, il peut être à l'origine de troubles intellectuels, des apprentissages, de difficultés psychologiques, avec une plus grande vulnérabilité aux séparations, réalisant des tableaux carentiels dont le risque évolutif est lourd.
Des diagnostics de dépression du bébé ou de l'enfant peuvent être posés par erreur dans le cas d'enfants souffrant d'autisme ou d'un autre trouble envahissant du développement.
Dépression de l'enfant
La dépression existe chez l'enfant, mais a été repérée tard (dans les années 1970). En effet, contrairement à l'adulte, l'enfant déprimé ne se plaint pas de tristesse ni de désespoir, et sa symptomatologie est peu bruyante. Une conférence de consensus française de 1995 a permis d'en clarifier la symptomatologie et les principes d'interventions thérapeutiques.
Des diagnostics de dépression du bébé ou de l'enfant peuvent être posés par erreur dans le cas d'enfants souffrant d'autisme ou d'un autre trouble envahissant du développement. Depuis peu, ce diagnostic est de plus en plus souvent avancé dans de tels cas, par les psychologues des CMPP et des sections de psychiatrie infantile des hôpitaux français.
Dépression de l'adolescent
La dépression à l'adolescence peut parfois être caractérisée par les mêmes symptômes que chez l'adulte. Assez souvent pourtant, le tableau clinique est bien différent.
On observe alors :
- un trouble de l'humeur avec sentiment d'ennui, irritabilité (concernant tout l'entourage), voire hostilité et opposition, impulsivité, agressivité. On parle parfois de dépression hostile. Le dialogue devient vite impossible, remplacé par les pleurs. On observe également une tendance à l'inhibition, une anhédonie, avec désinvestissement des loisirs et des relations qui étaient investis jusque-là,
- des troubles somatiques : céphalées, insomnie, hypersomnie ou clinophilie, anorexie ou au contraire augmentation de l'appétit, parfois avec des crises de boulimie,
- des troubles anxieux fréquemment associés : phobie sociale, attaque de panique, trouble obsessionnel compulsif.
Il est parfois difficile de faire la différence entre une dépression et un simple moment évolutif de l'adolescence, et le recours à des spécialistes est préconisé. C'est d'autant plus difficile que l'adolescent répond généralement que « tout va bien ». On recherche alors la triade de Beck, signe en faveur d'une dépression authentique et qui traduit le profond sentiment de dévalorisation de l'adolescent déprimé :
- « Que veux tu faire ? », « Rien, je ne suis bon à rien ! »
- « Tu regardes un peu les informations à la télévision ? », « Non c’est nul ! »
- « Tu sais ce que tu veux faire plus tard ? », « Non… ! »
Dépression de la personne âgée
Elle est fréquente, sous plusieurs formes ;
Les dépressions pseudo-démentielles, formes bien particulières, se caractérisent par des troubles graves :
· de la mémoire ;
· de l'orientation ;
· de la vigilance ;
· du jugement ;
· de régression affective ;
· des performances intellectuelles. On les rencontre généralement chez les sujets âgés, rarement chez des sujets jeunes.
· de la culpabilité
Dépression et maladie d'Alzheimer
La prévalence de la dépression est très élevée (20 à 25% des cas) chez les patients Alzheimer.
Une étude récente (2008) montre que pour la maladie d'Alzheimer, l'exposition à la lumière naturelle diminue les symptômes de dépression (de -19% dans l'étude), et que par ailleurs la prise de mélatonine facilite l'endormissement (8 mn plus tôt) et allonge le sommeil de 27 mn en moyenne). L'association Lumière + mélatonine a aussi diminué les comportements agressifs (- 9%), les phases d'agitation et de réveils nocturnes. " Le Dr Albert Lachman (spécialiste des troubles du sommeil) estime qu'en améliorant le sommeil du malade on améliore aussi les fonctions cognitives et l'humeur. Il conseille "de bien éclairer les pièces en journée, de laisser les rideaux ouverts et, à l'inverse, de diminuer les sources de lumière en soirée pour que l'organisme reçoive le signal que la nuit est là". "Malheureusement, dans certaines maisons de repos, pour des questions d'organisation, on fait plutôt l'inverse" ajoute-t-il.
La dépression du post-partum
La dépression post-natale est à différencier du simple baby blues. Elle survient le plus souvent après un intervalle libre de à 2 mois et réalise un tableau de dépression typique ou masquée ; c'est la plus fréquente des complications du post-partum, dans environ 15 % des accouchements.
Diagnostic
Il repose sur les éléments cliniques donnés plus haut. Il n'existe aucun marqueur biologique ni aucun test remplaçant le diagnostic clinique. En revanche, de nombreux diagnostics différentiels existent.
Différentes échelles existent pour diagnostiquer et quantifier la dépression (échelle de dépression de Hamilton, échelle de dépression de Beck, échelle de Yesavage, Echelle de dépression HAD...)
Origines des dépressions
La dépression peut être vue comme résultant de l'interaction d'un ensemble de facteurs psychologiques, biologiques, sociaux et génétiques.
Origines biologiques
Des études ont montré la présence de différentes dysfonctions neurobiologiques chez les gens déprimés. Entre autres, les niveaux de sérotonine et la noradrénaline (des neurotransmetteurs) sont impliqués dans la dépression.
Un certain nombre d'anomalies biologiques ont ainsi été retrouvées dans le sang ou le cerveau des dépressifs. Il n'est cependant pas toujours clair si ces anomalies sont causes ou conséquences de la maladie, ce qui peut expliquer certains échecs des traitements médicamenteux. Elles ouvrent toutefois la voie à de nouvelles thérapeutiques pharmacologiques.
Les recherches sur les causes de la dépression ont mené les chercheurs à se pencher sur la chimie du cerveau. On sait maintenant qu’un mauvais fonctionnement du circuit de noradrénaline ou de sérotonine contribue à la dépression chez certains individus, mais les neurotransmetteurs commencent à peine à livrer leurs mystères et même aujourd’hui, on ne connaît pas encore toutes leurs implications sur le comportement humain.
Une autre hypothèse serait la présence d'une anomalie des récepteurs cérébraux. Cette théorie évoque une anomalie du nombre des récepteurs post-synaptiques. Elle concerne encore les monoamines neuromédiatrices mais selon un modèle différent. Le nombre des récepteurs où viennent se fixer les neurotransmetteurs après leur traversée de la synapse n’est pas fixée mais il se modifie en fonction de leur quantité afin de maintenir une transmission d’influx assez constante :
- s’il y a beaucoup de neurotransmetteurs, le nombre des récepteurs va tendre à diminuer. Le message nerveux passera mal ;
- si à l’inverse, il y a peu de transmetteurs le nombre s’accroît pour recevoir au mieux les neurotransmetteurs afin de préserver le plus possible la transmission. S'il s'accroît trop les récepteurs ne sont plus assez stimulés.
Origines psychologiques
L'aspect biologique n'est pas pour autant nécessairement « la cause » de la dépression. Voici ce qu'en dit le Dr. Michael Spevack : « On sait maintenant qu'il s'agit d'un cercle vicieux où chaque facteur influence et aggrave l'autre : les pensées négatives ont pour effet d'abaisser l'humeur, ce qui entraine fort probablement un certain déséquilibre dans la chimie du cerveau. En s'attaquant au traitement de l'un ou l'autre de ces facteurs, on peut aider les gens à se sentir mieux. »
Les aspects biologiques, cognitifs (mentaux), émotifs et comportementaux du fonctionnement humain sont en constante interaction. Une modification de n'importe lequel de ces aspects a un impact sur les autres. Lorsqu'une personne est dépressive, elle a tendance à voir la réalité de façon plus négative. En retour, cette interprétation plus négative amplifie les émotions dépressives. D'autre part, les interprétations négatives de la réalité et les émotions dépressives influencent les comportements (amenant par exemple de la passivité) qui, en retour, ont un impact sur les pensées et les émotions. Il existe aussi des facteurs intrapsychiques souvent inconscients qui relèvent du processus de deuil, d'une angoisse de perte d'objet ou autres conflits comme les psychanalystes les ont développés. Freud dans Deuil et mélancolie, Karl Abraham, et Mélanie Klein, etc., ont ouvert le champ d'une compréhension profonde de la dépression.
Par ailleurs, la dépression se développe souvent en réaction à un évènement ou une situation générateurs de stress. Cependant, selon nos façons de voir les choses, nous ne présentons pas tous la même vulnérabilité face aux différents types de causes de stress. Un évènement « heureux » peut paradoxalement représenter un stress (promotion, mariage, etc.) et inversement.
La théorie du renversement interprète la dépression comme traduisant un fonctionnement empêché de la multistabilité entre des états de motivation satisfaisants.
Profils à risque et dépression
1) Personne sociotrope
Définition : Individu ayant un important besoin d'attention et d'encouragement de la part des autres.
Événement dépressogènes : Se sentir critiqué, mis à l'écart.
Impact sur l'estime de soi : Remise en question de son acceptabilité sociale.
2) Personne autonome
Définition : Individu ayant besoin d'atteindre ses objectifs, sans contrôle ni entraves de la part des autres.
Événement dépressogènes : Être mis en échec, être dépendant d'autres personnes.
Impact sur l'estime de soi : Remise en question de ses capacités de contrôle sur les événements.
Source : Christophe André et François Lelord, L'estime de soi, Éditions Odile Jacob, 1999.
Origines génétiques
Il est reconnu que pour certaines dépressions des facteurs héréditaires jouent un rôle dans la création du déséquilibre chimique dans le cerveau d'une personne lorsqu'elle vit une dépression. Même si certains gènes sont impliqués dans la dépression, il ne semble pas qu’ils déclenchent inévitablement la maladie. Ils se contenteraient de transmettre une susceptibilité à entrer plus facilement dans un état dépressif. Susceptibilité qu’un évènement extérieur où une personnalité particulière pourrait transformer en véritable dépression. La part génétique de la dépression est de l'ordre du tiers (ce qui est moins que pour une schizophrénie ou un syndrome bipolaire). Cette héritabilité serait plus importante dans les formes graves ou survenant précocement. Il est également important de réaliser que peu importe le ou les facteurs ayant précipité une personne dans un état dépressif, la voie finale commune de la dépression, si l’on peut dire, implique un déséquilibre de certains neurotransmetteurs dans le cerveau.
Origines sociales
Un environnement pénible (rythme de vie effréné, soucis professionnels et/ou familiaux, chômage, divorce, deuil, isolement, déracinement, déménagement) perturbe l'état de santé plus ou moins gravement, plus ou moins longtemps.
L'enfance est un moment-clé : il existe des preuves que les personnes ayant subi dans leur enfance la perte de personnes importantes sont davantage sujettes à des dépressions plus tard dans leur vie.
L'importance et la qualité du soutien que nous recevons par nos relations interpersonnelles (proches parents, conjoints, enfants, amis...) peut nous protéger contre le stress et les tensions de la vie quotidienne, et réduire les réactions physiques et émotionnelles au stress, l'une d'entre elles pouvant être la dépression.
D'autre part l'absence d'une relation étroite, de confiance, peut augmenter le risque de dépression. Les mauvais traitements ou l'infidélité d'un ou d'une partenaire sont des facteurs aggravants. Il est démontré que la vie de couple peut d'une certaine manière protéger contre le développement de la dépression chez les hommes et les femmes si des tâches telle que s'occuper de la maison ou des enfants sont partagées. Cependant, les femmes qui ne travaillent pas et qui restent à la maison pour s'occuper des enfants en bas âge sont plus susceptible de dépression, particulièrement lorsque la garde des enfants et des problèmes d'argent entrent en ligne de compte, et le taux de dépression après la perte d'un époux est accru.
Épidémiologie de la dépression
En France, la dépression frappe chaque année 3 millions de personnes âgés de 15 à 75 ans (deux fois plus de femmes que d'hommes). Sachant qu'un cas sur deux n'est pas soigné, ce chiffre progresse avec la précarité, le vieillissement et la solitude.
Des études montrent que :
- 15 à 22 % des patients de médecine générale montrent des troubles dépressifs (5 à 9 % ont une dépression majeure, 2 à 4 % une dysthymie, 8 à 9 % une dépression mineure) ;
- 30 à 50 % des dépressions ne sont pas diagnostiquées ;
- 40 à 70 % des personnes qui se suicident ont consulté un médecin dans le mois qui précède.
On voit donc que le diagnostic n'est pas évident, d'une part parce que les personnes ne sont en général pas conscientes elle-même de leur dépression, et se présentent pour des troubles somatiques trompeurs, en général des douleurs. Selon Jay Pomerantz, le fait de poser systématiquement les deux questions suivantes à chaque consultation permettrait d'améliorer le diagnostic de dépression (ce test aurait une spécificité de 67 % et une sensibilité de 97 %) :
- Avez-vous durant le mois écoulé ressenti des sentiments d'épuisement, de dépression ou de désespoir ?
- Avez-vous, au cours du même laps de temps, éprouvé une perte d'intérêt ou de plaisir dans vos activités ?
L'Association américaine de psychiatrie recommande que trois consultations au minimum soient programmées au cours des trois mois qui suivent le diagnostic d'une dépression, même mineure. En effet, les traitements anti-dépresseurs étant de longue durée, il y a un risque accru que le patient arrête lui-même son traitement.
Traitement
Outre la luminothérapie, qui est encore émergente, il existe quatre principaux traitements utilisés pendant les épisodes dépressifs et en prévention de la récurrence d'épisodes dépressifs :
Médicaments
Les principales familles d'antidépresseurs sont les IMAO, Tricycliques, SSRI et SNRI et le Lithium. Les traitements les plus récents et généralement bien tolérés en raison du nombre réduit d'effets secondaires sont les SSRI et le SNRI. Ces principes actifs inhibent respectivement la recapture de la sérotonine et de la sérotonine + noradrénaline en bloquant le site de recapture situé en amont de la fente synaptique. Les niveaux de ces neurotransmetteurs s'en trouvent ainsi augmentés. Les Tricycliques et IMAO sont des principes actifs puissants mais ont le défaut d'être moins sélectifs que les SSRI/SNRI : ils modifient la concentration d'autres neurotransmetteurs (monoamines) du système nerveux central, leurs effets secondaires sont plus lourds et ils sont utilisés dans les formes sévères des différents types de dépression. Par ailleurs, les IMAO imposent des restrictions d'associations médicamenteuses et des restrictions alimentaires, Ils ne doivent en aucun cas être associés aux SSRI/SNRI, au risque de déclencher un syndrome sérotoninergique éventuellement mortel. Le Lithium (proche du sodium et du potassium avec qui il partage plusieurs propriétés) est le régulateur de l'humeur le plus utilisé dans les troubles bipolaires. Il est efficace dans les trois quart des patients maniaco-dépressifs, mais son mécanisme d'action reste mal connu, tant contre les phases maniaque que dépressives. Dans la cellule, il pourrait altérer le transport transmembranaire du sodium et ainsi modifier la conduction nerveuse. Il augmenterait aussi l'activité du système nerveux sérotoninergique. Il pourrait également agir sur un système de second messager dans le neurone post-synaptique, déclenchent une cascade de réaction biochimique, dont l'une implique le second messager phosphatidylinositol. Le Lithium inhiberait l'enzyme chargée de transformer l'inositol phosphate en inositol libre, d'où une accumulation d'inositol phosphate qui pourrait avoir de nombreux effets dans le neurone post-synaptique. La principale difficulté est le dosage, qui doit être très précis pour minimiser ses effets secondaires (nausée, diarrhée, perte d'appétit, soif, voire insuffisance rénale).
Selon les cas, certains autres traitements peuvent être associés aux antidépresseurs : somnifères pour aider à restaurer sommeil et repos en attendant l'efficacité du traitement de fond, anxiolytiques, voire médicaments potentialisant l'effet des antidépresseurs.
Depuis 2006, plusieurs études recommandent l'association d'un antidépresseur avec des séances de luminothérapie. La luminothérapie a donné des preuves indiscutables dans la dépression saisonnière et mérite d'être essayée dans les autres dépressions surtout qu'il ne s'agit pas d'un médicament mais d'un simple apport de lumière qui fait très souvent défaut chez les malades dépressifs.
L'efficacité de la dernière génération d'antidépresseurs (antagonistes de la recapture de la noradrénaline ou de la sérotonine) reste cependant modérée dans les dépressions sévères et quasi nulle dans les formes modérées.
Le millepertuis est efficace comme antidépresseur chez des patients atteints de dépression légère à modérée, mais pas dans la dépression sévère. Le mécanisme d'action serait une inhibition de la recapture de la sérotonine.
Psychothérapies
Souvent utilisées en complément des traitements médicamenteux, une approche sollicitée est la thérapie comportementale et cognitive (TCC) visant à identifier les modèles de pensée négatifs et de fournir au patient des méthodes pour les contrer. Du point de vue du béhaviorisme on considère en effet que la dépression présente un régime de pensées négatives auto-entretenu et que le fait de s'opposer à ce cycle permet une rémission plus rapide. La psychanalyse ou la psychothérapie psychanalytique sont des traitements de fond qui visent à appréhender les conflits inconscients à l'origine de la dépression.
La musicothérapie a une certaine efficacité même si les quelques études qui y sont consacrées restent critiquables dans leur méthodologie.
Sismothérapie
La sismothérapie vise à reproduire une crise convulsive (épileptique). L'intervention est réalisée sous anesthésie générale, sous ventilation assistée après administration d'un relaxant musculaire. Un bref courant est appliqué au niveau d'un ou des deux lobes temporaux. Le mécanisme d'action est encore aujourd'hui mal compris. Son efficacité est démontrée. Cette thérapie suscite une controverse, alimentée principalement par le caractère d'apparence barbare de cette intervention lors de ses premières utilisations en psychiatrie avant la deuxième guerre mondiale. Elle reste utilisée mais présente occasionnellement des effets secondaires importants pour le patient : pertes de mémoire (rapidement réversibles). Son indication reste les syndromes dépressifs graves après échecs de plusieurs cures médicamenteuses ou en première intention si le pronostic vital est engagé (catatonie) ou si le patient le souhaite.
Stimulation Magnétique Transcrânienne (TMS)
La Stimulation Magnétique Transcrânienne (TMS, de l'anglais Transcranial Magnetic Stimulation) est une technique non invasive qui permet de stimuler des zones précises du cortex cérébral au moyen d'impulsions magnétiques de très courte durée mais dont l'intensité est comparable à celle utilisée en Imagerie par résonance magnétique (jusqu'à 3 Teslas). Les impulsions magnétiques provoquent localement l'apparition de champs électriques de faible intensité qui modifient l'activité neuronale.
La TMS suscite de l’intérêt notamment comme une alternative possible à la sismothérapie. Cependant, contrairement à celle-ci, la TMS ne nécessite ni hospitalisation ni anesthésie, et ne provoque pas de trouble de la mémoire. Si la TMS est généralement considérée comme un traitement des dépressions pharmaco-résistantes, des études montrent également sa complémentarité avec les traitements médicamenteux, dont elle accélère l'efficacité.
La TMS fait encore l'objet de nombreuses recherches cliniques qui cherchent à valider les paramètres optimaux (fréquence de stimulation, nombre de séances, durée des séances, cible neuroanatomique...).
Bibliographie
- Mélanie Klein, Deuil et dépression, Payot, 2004, ISBN 2-228-89813-9
- Jean Bergeret, La dépression et les états-limites, Payot, 1992, Coll : Science de l'homme, ISBN 2-228-88597-5
- Roland Chemama, Dépression, la grande névrose contemporaine, Erès, 2006
- Alain Ehrenberg : La fatigue d'être soi. Dépression et société, Paris, Odile Jacob, 2000
- Pierre Fédida, Les bienfaits de la dépression, Odile Jacob, 2001
- Sigmund Freud, Deuil et mélancolie, Œuvres complètes, vol. XII. PUF, 1988
- Emmy Gut, Dépression productive et improductive. Réussite ou échec d'un processus vital, PUF, 1993
- André Haynal et Serge Lebovici, Dépression et créativité : Le Sens du désespoir, Césura Lyon Edition, 1987, ISBN 2-905709-06-5
- Edith Jacobson, Les dépressions. États normaux, névrotiques et psychotiques, Payot 1979, ISBN 2-228-88131-7
- Jean-Michel Quinodoz, La Solitude apprivoisée. Presses Universitaires de France, 1992, ISBN 2-13-044472-5
- Mikkel Borch-Jacobsen, Folies à plusieurs. De l'hystérie à la dépression, Les Empêcheurs de penser en rond, 2002
- David Healy, Le temps de la dépression, 1998, (Trad. française : Les Empêcheurs de penser en rond, 2002)
- Philippe Pignarre, Comment la dépression est devenue une épidémie, Paris, La Découverte, 2001
- Anne Giddey, Les épines du destin. Troubles psychiques et résilience, témoignage d'une ancienne malade souffrant de dépression mélancolique.
- Etienne Payen, La dépression positive, Editions De Boeck, 2007
- Christian St-Germain, Paxil Blues® Antidépresseurs : la société sous influence, Montréal, Boréal, 2005
- Nicolas Sarrasin, Petit traité antidéprime : 4 saisons dans le bonheur, Montréal, Éditions de l'Homme, 2005, 364 p.
- Philippe Labro, Tomber sept fois, se relever huit
- David Gourion, Henri Lôo, Les nuits de l'âme : guérir de la dépression, Paris, Editions Odile Jacob, 2007, 250 p.
- Collectif, pour le Ministère de la santé français, Guide : la dépression - En savoir plus pour en sortir, Inpes, octobre 2007, PDF, broché, 92 p. (ISBN 9782916192024)
Liens externes
L'automutilation
Mon histoire
Le 1er mai 2003, j'ai effectué mes premières plaies.
Je n'ai jamais arrêté si ce n'est pendant les vacances d'été pour ne pas montrer ça à mes parents.
J'en faisais toujours sur mes avant bras et desfois j'étais prise de vertiges ou tombait dans les pommes. Je n’en avais plus rien à faire de mon corps, de la douleur. C’était ma seule manière de me sentir exister. Je n’avais plus du tout le contrôle sur moi-même. Je pouvais m’en faire 5 comme 20 d’affilée. Sur un avant bras, puis sur l’autre.
Ceci a été accompagné, en 2004, de crises d’angoisses qui me clouaient au lit durant des jours. En voici les symptômes : peur panique, envies de vomir incontrôlables, tremblements, incapacité de quitter le lit sous peine de vertiges, envi d’aller au toilette, incapacité de manger et boire autre chose que du pain blanc et de l’eau minérale en petite quantité, nausées provoquées par un son, une odeur ou une couleur, accélération de la respiration et du rythme cardiaque,…
Je me suis murée dans une hypersensibilité et en est totalement oublié ma personnalité première.
Mes parents pensaient que je faisais la comédie et ne me comprenaient pas, ce qui à accentué mon malaise. J'ai tiré la sonnette d'alarme avec mon père en 2005 car j’ai failli attenter à mes jours. Mais comme il a eu la bonne réaction, je ne suis jamais allé si loin. On en a discuté et il voulait contrôler mes bras donc je l'ai fais sur l'une de mes cuisses. Il m’a forcé à aller voir un psy, ce qui n’a pas été très bénéfique vu que je n’y allais pas de mon plein gré et ai donc arrêté très rapidement.
Puis je suis tombée amoureuse.
J'en ai très vite parlé à mon copain. Il m'a bien fait comprendre que si je m'entaillais une fois, il s'en ferait 3 devant moi. Par peur de ça, j'ai totalement arrêté en octobre 2005 et, malgré des envies quelques fois ou des douleurs fantômes sur mes avants bras, l’amour a remplacé l’envie de me couper. Donc je n'ai pas touché à l'am* durant les 2 ans et demi que notre relation a duré.
Le temps a passé, mon petit copain s'est lassé de moi et est allé voir ailleurs avant de me larguer.
C’est la rage et la haine d’avoir été trompée et trahie qui m'ont fait tenir après notre séparation et qui a comblé le vide laissé par l’amour.
Cette séparation vécue comme une trahison a eu la bonne chose de faire sauter mon hypersensibilité et à réveillée une partie de moi que j’avais oublié : mon assurance, mon culot et ma témérité. J’en suis venu à avoir peur de moi parfois tant je me redécouvrais un trait de caractère inexploité depuis longtemps. A partir de ce moment là, la partie hypersensible et la partie tête brûlée cohabitent chaotiquement en moi malgré mes efforts pour les réunir.
J'ai rencontré en aout 2008 un garçon encore mieux que le précédent. Son contact était une véritable bouffée d'oxygène. Je me sentais merveilleusement bien. Je l’ai considéré comme mon âme jumelle. On était sur la même longueur d’onde et il avait les comportements que j’attendais d’un petit copain.
Mais voilà, au bout de 3 mois il est parti et m'a laissé avec une souffrance sans égale.
Mon besoin d'am se déclarait par une forte brulure dans les avant bras. Cette douleur est revenue puissance 10 à la séparation avec mon 2e ex. Je m'isolais dans les toilettes de l'entreprise où je travaillais à l'époque pour pleurer et pour calmer mes bras brulants (j'entends par là que je n'ai pas repris pour autant mais les passais sous l'eau ou attendais juste une amélioration) mais je tentais de tenir pour mon 2e ex car je croyais qu’il allait revenir, me dire que tout ses soucis étaient réglés et que nous pourrions reprendre notre relation là où nous l’avions laissé. Mais il n’est jamais revenu…
J'avais envies de hurler, je sentais que j'avais un énorme trou à la place du cœur. Un vide insondable avait pris place dans ma poitrine. J'en avais oublié ce que c'était de sourire. Quand je sortais pour aller au cinéma, toujours seule, je regardais droit devant moi marchant comme un pantin et avais le regard vide de toute expression. Les rares fois où j’avais le début d’un sourire sur les lèvres, j’avais l’impression de réapprendre un geste oublié depuis longtemps, tant ceci me faisait bizarre sur le visage. J’étais dans une véritable bulle. Les conversations autour de moi n’étaient que des bourdonnements inaudibles, je ne voyais pas les gens qui m’approchaient ou me croisaient.
Je suis resté dans cet état de décembre 2008 à avril 2009.
Durant cette période, je me suis isolée de mes proches. Je ne parlais qu'à de rares personnes et restais le plus souvent en hors ligne sur msn. Je me suis coupée du monde et me suis véritablement rentré dans une carapace incassable.
Puis j'ai eu envi de remonter la pente de moi même. J'ai pu me sortir de ma catatonie au prix de nombreux efforts. J'ai repris contact avec mes amis. J'ai même pu retrouver en août un nouveau petit copain.
Mais voilà, mon répit de 4 ans et 7 mois sans rien avoir fait a été menacé.
Les idées noires sont revenues en masse, des soucis familiaux, le problème de passer une période d’essai pour garder un travail et la perte de plusieurs amitiés importantes m'ont considérablement affaiblie en décembre 2009.
J'ai fait aussi un constat alarmant : Je n'ai pas arrêté l'am de mon plein gré à l’époque mais pour tel ou tel personne ou cause ou bien pour faire comme tout le monde. Pour imager j'ai besoin de toucher le fond pour prendre une impulsion grâce à mes pieds afin de remonter plus forte vers la surface. Or j'ai été arrêtée à mi parcourt : Je ne vois ni le fond et ni la surface et j'ai essayé en vain de remonter vers cette surface mais ça en est devenu de plus en plus difficile et je n'en voyais toujours pas la fin...
Dans ma logique je n'ai pas été au bout de ma démarche avec l'am et sur le plan purement objectif, mon inconscient pense qu'il fallait que je reprenne là où je m’étais arrêté afin de m'arrêter cette fois-ci par moi même de mon plein gré.
C’est à cause du fait que je n’ai pas réussi ou pu régler mes problèmes du passé que j’ai repris l’am le 17 février 2010.
Au début, c’était pour soulager un peu le fardeau que j’avais sur les épaules afin d’éviter l’implosion. Mais, au final, tous les 2-3 jours, je réitérais. Plus pour me sentir exister comme auparavant mais pour me soulager. Comme un mec fumerait sa cigarette après une dure journée de travail.
Ceci a ouvert en moi une nouvelle porte : celle d’une agressivité sans pareille, à la limite de se foutre de se consumer entièrement dans une bataille pourvu qu’on estime être arrivé à ses fins, ce qui m’a fait encore plus peur que la découverte de ma partie tête brulée.
Je m’en suis prise à des gens qui le méritaient mais aussi à mon ex copain de l'époque qui n’avait rien demandé. Je suis devenue une véritable sauvage folle furieuse qui s’est isolée de tout ses proches depuis début décembre 2009 afin de ne pas les faire souffrir ou de ne pas les blesser de par des propos déplacés que j'aurais pu tenir.
J’ai essayé de limiter les dégâts et freiner mes envies d’am mais j’ai fais pas mal de mal à mon ex qui n’arrivait pas à savoir comment me prendre ou m’aider et que je délaissai sans le faire exprès par pur instinct de conservation (pour lui comme pour moi). Je vois de nouveau un psy, essaye de prendre soin de mon corps avec de nombreux produits cosmétiques, me surcharge la tête de travail ou de lecture afin de penser le moins possible et me force à sortir. Ce sont de petits efforts pour ma guérison. Mais celle-ci est lente et douloureuse…
Voilà où j’en suis à présent : mes vieux démons ne m’ont pas encore quittés et je perds de plus en plus ceux qui me sont cher.
J’aimerais tant qu’ils comprennent ma maladie. Pas qu’ils l’acceptent, mais qu’ils respectent mon état.
Ceci se fait par phases. Mais je ne sais pas combien de temps tout ceci va encore durer…
Je demande pardon à tout ceux que j’ai blessé sans le faire exprès et plus particulièrement à mon ex qui a juste voulu m’aider.
Depuis mi avril 2010, j'ai cessé l'am et ai pu retrouver une stabilité émotionnelle et psychique grâce, en grande partie, à un choc émotionnel dont je garde la nature secrète ici.
J'ai moins de sentiments paranos et prend plus sur moi.
Je pense que ceci était avant tout un débordement émotionnel ingérable par mon cerveau saturé sur le moment des faits. Je ne dis pas que tout ceci est fini et que je suis guérie mais que cette partie de moi est de nouveau en sommeil. Pour combien de temps ? Je l'ignore. Mais je profite de chaque moment de "sobriété".
Il est vrai qu'en cette fin d'année 2011, je repense pas mal à cette partie de ma vie. Un peu comme un nouveau riche regardant ses origines paysannes. Je sais que quoi que je fasse, je suis de toute façon marquée à vie par cette expérience.
J'y repense aussi en me demandant "et si j'en faisais une, juste pour pouvoir me rappeler ce que ça fait". Mais je ne fais rien car je me raisonne et sais combien j'ai à perdre. Mais chacun a ses faiblesses n'est ce pas ?
Je lutte un peu à chaque fois que ça ressors et j'espère arriver encore à clouer le bec à cette envie encore pour un bon moment.
*Am = Automutilation
Dernière mise à jour : 21/10/12
Je n'ai jamais arrêté si ce n'est pendant les vacances d'été pour ne pas montrer ça à mes parents.
J'en faisais toujours sur mes avant bras et desfois j'étais prise de vertiges ou tombait dans les pommes. Je n’en avais plus rien à faire de mon corps, de la douleur. C’était ma seule manière de me sentir exister. Je n’avais plus du tout le contrôle sur moi-même. Je pouvais m’en faire 5 comme 20 d’affilée. Sur un avant bras, puis sur l’autre.
Ceci a été accompagné, en 2004, de crises d’angoisses qui me clouaient au lit durant des jours. En voici les symptômes : peur panique, envies de vomir incontrôlables, tremblements, incapacité de quitter le lit sous peine de vertiges, envi d’aller au toilette, incapacité de manger et boire autre chose que du pain blanc et de l’eau minérale en petite quantité, nausées provoquées par un son, une odeur ou une couleur, accélération de la respiration et du rythme cardiaque,…
Je me suis murée dans une hypersensibilité et en est totalement oublié ma personnalité première.
Mes parents pensaient que je faisais la comédie et ne me comprenaient pas, ce qui à accentué mon malaise. J'ai tiré la sonnette d'alarme avec mon père en 2005 car j’ai failli attenter à mes jours. Mais comme il a eu la bonne réaction, je ne suis jamais allé si loin. On en a discuté et il voulait contrôler mes bras donc je l'ai fais sur l'une de mes cuisses. Il m’a forcé à aller voir un psy, ce qui n’a pas été très bénéfique vu que je n’y allais pas de mon plein gré et ai donc arrêté très rapidement.
Puis je suis tombée amoureuse.
J'en ai très vite parlé à mon copain. Il m'a bien fait comprendre que si je m'entaillais une fois, il s'en ferait 3 devant moi. Par peur de ça, j'ai totalement arrêté en octobre 2005 et, malgré des envies quelques fois ou des douleurs fantômes sur mes avants bras, l’amour a remplacé l’envie de me couper. Donc je n'ai pas touché à l'am* durant les 2 ans et demi que notre relation a duré.
Le temps a passé, mon petit copain s'est lassé de moi et est allé voir ailleurs avant de me larguer.
C’est la rage et la haine d’avoir été trompée et trahie qui m'ont fait tenir après notre séparation et qui a comblé le vide laissé par l’amour.
Cette séparation vécue comme une trahison a eu la bonne chose de faire sauter mon hypersensibilité et à réveillée une partie de moi que j’avais oublié : mon assurance, mon culot et ma témérité. J’en suis venu à avoir peur de moi parfois tant je me redécouvrais un trait de caractère inexploité depuis longtemps. A partir de ce moment là, la partie hypersensible et la partie tête brûlée cohabitent chaotiquement en moi malgré mes efforts pour les réunir.
J'ai rencontré en aout 2008 un garçon encore mieux que le précédent. Son contact était une véritable bouffée d'oxygène. Je me sentais merveilleusement bien. Je l’ai considéré comme mon âme jumelle. On était sur la même longueur d’onde et il avait les comportements que j’attendais d’un petit copain.
Mais voilà, au bout de 3 mois il est parti et m'a laissé avec une souffrance sans égale.
Mon besoin d'am se déclarait par une forte brulure dans les avant bras. Cette douleur est revenue puissance 10 à la séparation avec mon 2e ex. Je m'isolais dans les toilettes de l'entreprise où je travaillais à l'époque pour pleurer et pour calmer mes bras brulants (j'entends par là que je n'ai pas repris pour autant mais les passais sous l'eau ou attendais juste une amélioration) mais je tentais de tenir pour mon 2e ex car je croyais qu’il allait revenir, me dire que tout ses soucis étaient réglés et que nous pourrions reprendre notre relation là où nous l’avions laissé. Mais il n’est jamais revenu…
J'avais envies de hurler, je sentais que j'avais un énorme trou à la place du cœur. Un vide insondable avait pris place dans ma poitrine. J'en avais oublié ce que c'était de sourire. Quand je sortais pour aller au cinéma, toujours seule, je regardais droit devant moi marchant comme un pantin et avais le regard vide de toute expression. Les rares fois où j’avais le début d’un sourire sur les lèvres, j’avais l’impression de réapprendre un geste oublié depuis longtemps, tant ceci me faisait bizarre sur le visage. J’étais dans une véritable bulle. Les conversations autour de moi n’étaient que des bourdonnements inaudibles, je ne voyais pas les gens qui m’approchaient ou me croisaient.
Je suis resté dans cet état de décembre 2008 à avril 2009.
Durant cette période, je me suis isolée de mes proches. Je ne parlais qu'à de rares personnes et restais le plus souvent en hors ligne sur msn. Je me suis coupée du monde et me suis véritablement rentré dans une carapace incassable.
Puis j'ai eu envi de remonter la pente de moi même. J'ai pu me sortir de ma catatonie au prix de nombreux efforts. J'ai repris contact avec mes amis. J'ai même pu retrouver en août un nouveau petit copain.
Mais voilà, mon répit de 4 ans et 7 mois sans rien avoir fait a été menacé.
Les idées noires sont revenues en masse, des soucis familiaux, le problème de passer une période d’essai pour garder un travail et la perte de plusieurs amitiés importantes m'ont considérablement affaiblie en décembre 2009.
J'ai fait aussi un constat alarmant : Je n'ai pas arrêté l'am de mon plein gré à l’époque mais pour tel ou tel personne ou cause ou bien pour faire comme tout le monde. Pour imager j'ai besoin de toucher le fond pour prendre une impulsion grâce à mes pieds afin de remonter plus forte vers la surface. Or j'ai été arrêtée à mi parcourt : Je ne vois ni le fond et ni la surface et j'ai essayé en vain de remonter vers cette surface mais ça en est devenu de plus en plus difficile et je n'en voyais toujours pas la fin...
Dans ma logique je n'ai pas été au bout de ma démarche avec l'am et sur le plan purement objectif, mon inconscient pense qu'il fallait que je reprenne là où je m’étais arrêté afin de m'arrêter cette fois-ci par moi même de mon plein gré.
C’est à cause du fait que je n’ai pas réussi ou pu régler mes problèmes du passé que j’ai repris l’am le 17 février 2010.
Au début, c’était pour soulager un peu le fardeau que j’avais sur les épaules afin d’éviter l’implosion. Mais, au final, tous les 2-3 jours, je réitérais. Plus pour me sentir exister comme auparavant mais pour me soulager. Comme un mec fumerait sa cigarette après une dure journée de travail.
Ceci a ouvert en moi une nouvelle porte : celle d’une agressivité sans pareille, à la limite de se foutre de se consumer entièrement dans une bataille pourvu qu’on estime être arrivé à ses fins, ce qui m’a fait encore plus peur que la découverte de ma partie tête brulée.
Je m’en suis prise à des gens qui le méritaient mais aussi à mon ex copain de l'époque qui n’avait rien demandé. Je suis devenue une véritable sauvage folle furieuse qui s’est isolée de tout ses proches depuis début décembre 2009 afin de ne pas les faire souffrir ou de ne pas les blesser de par des propos déplacés que j'aurais pu tenir.
J’ai essayé de limiter les dégâts et freiner mes envies d’am mais j’ai fais pas mal de mal à mon ex qui n’arrivait pas à savoir comment me prendre ou m’aider et que je délaissai sans le faire exprès par pur instinct de conservation (pour lui comme pour moi). Je vois de nouveau un psy, essaye de prendre soin de mon corps avec de nombreux produits cosmétiques, me surcharge la tête de travail ou de lecture afin de penser le moins possible et me force à sortir. Ce sont de petits efforts pour ma guérison. Mais celle-ci est lente et douloureuse…
Voilà où j’en suis à présent : mes vieux démons ne m’ont pas encore quittés et je perds de plus en plus ceux qui me sont cher.
J’aimerais tant qu’ils comprennent ma maladie. Pas qu’ils l’acceptent, mais qu’ils respectent mon état.
Ceci se fait par phases. Mais je ne sais pas combien de temps tout ceci va encore durer…
Je demande pardon à tout ceux que j’ai blessé sans le faire exprès et plus particulièrement à mon ex qui a juste voulu m’aider.
Depuis mi avril 2010, j'ai cessé l'am et ai pu retrouver une stabilité émotionnelle et psychique grâce, en grande partie, à un choc émotionnel dont je garde la nature secrète ici.
J'ai moins de sentiments paranos et prend plus sur moi.
Je pense que ceci était avant tout un débordement émotionnel ingérable par mon cerveau saturé sur le moment des faits. Je ne dis pas que tout ceci est fini et que je suis guérie mais que cette partie de moi est de nouveau en sommeil. Pour combien de temps ? Je l'ignore. Mais je profite de chaque moment de "sobriété".
Il est vrai qu'en cette fin d'année 2011, je repense pas mal à cette partie de ma vie. Un peu comme un nouveau riche regardant ses origines paysannes. Je sais que quoi que je fasse, je suis de toute façon marquée à vie par cette expérience.
J'y repense aussi en me demandant "et si j'en faisais une, juste pour pouvoir me rappeler ce que ça fait". Mais je ne fais rien car je me raisonne et sais combien j'ai à perdre. Mais chacun a ses faiblesses n'est ce pas ?
Je lutte un peu à chaque fois que ça ressors et j'espère arriver encore à clouer le bec à cette envie encore pour un bon moment.
*Am = Automutilation
Dernière mise à jour : 21/10/12
Article Wikipédia sur le sujet
Automutilation
L’automutilation est le fait pour une personne de s'infliger délibérément des blessures. Elle peut être faite dans plusieurs buts, comme se punir, ou pour se soulager de problèmes personnels ou professionnels. Dans tous les cas, les blessures sont infligées seul, sans l’intervention d’un tiers. L’automutilation est listée par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux comme un symptôme du trouble de la personnalité borderline et elle est parfois associée à d’autres troubles psychopathologiques tels que la dépression ou les troubles du comportement alimentaire.
La méthode d’automutilation la plus utilisée est de se couper, mais ce n’est pas la seule et la définition inclut aussi les coups, les brûlures, les éraflures, les morsures, et bien d’autres atteintes corporelles infligées à soi-même.
Facteurs de risque
Un certain nombre de facteurs sociaux ou psychologiques ont une corrélation avec l’automutilation.
Les diagnostics généralement associés à l’automutilation sont la dépression et le trouble de la personnalité borderline.
Les causes de l’automutilation sont difficiles à déterminer et varient largement d’une personne à l’autre. On note tout de même deux facteurs principaux, mais loin d’être systématiques : les abus sexuels et les invalidations (être critiqué ouvertement, ne pas avoir été encouragé, avoir été souffre-douleur ou tout autre comportement nuisant directement à l’estime de soi).
Les personnes touchées par l’automutilation représentent 0,2 à 2,4% de la population et sont principalement des filles (dans 67 à 97% des cas selon les études), adolescentes ou jeunes adultes. Malgré le nombre relativement élevé de personnes concernées, peu d’informations francophones pertinentes sont disponibles sur ce sujet.
Psychologie
Les personnes qui s’automutilent le font généralement pour mettre fin à des sentiments qui leur sont trop intenses. Il peut s’agir de tristesse, d’angoisse, de colère, de culpabilité, (la blessure est alors souvent infligée comme punition) ou même de sentiments positifs.
- La sensation de vide, de perdition et de solitude -parfois conséquence de la dissociation- peut aussi mener à l’automutilation, qui a alors pour but de « ramener à la réalité ».
- Ce comportement peut amener à une addiction et la blessure devient alors la réponse immédiate et logique à une situation difficile psychologiquement. L’automutilation a d’ailleurs été classée dans les troubles addictifs en 2006.
- Certaines personnes s’infligeant volontairement des blessures ne ressentent que peu voire aucune douleur (couramment dans les cas de dissociation).
Les cicatrices qui peuvent résulté de l’automutilation ne sont que rarement recherchées. Elles finissent le plus souvent par être acceptées comme une preuve de ce qui a été vécu et surmonté, un souvenir.
Traitement
Se blesser volontairement est un comportement qui, loin d’être anodin, est généralement révélateur d’un profond mal être. Dans la mesure où ce comportement aide à surmonter certaines situations ou un quotidien considéré comme trop dur à supporter et permet de retrouver un certain apaisement, un contrôle de soi, il peut devenir une addiction dont il est difficile de sortir ; pour beaucoup de personnes s’installe un phénomène comparable à l’accoutumance, avec une augmentation du nombre, de la fréquence ou de la gravité des blessures.
Assez souvent, on remarque que les personnes qui s’automutilent ont des difficultés à reconnaître, à gérer et à exprimer certains sentiments autrement que par des blessures corporelles. Une première étape peut donc consister à prendre conscience de son mal être et à l’exprimer d’une façon non destructrice, par exemple par l’écrit ou par la parole.
Les proches d’une personne qui s’automutile peuvent agir en étant disponible et à l’écoute, en instaurant une confiance réciproque, en proposant leur aide sans insister mais de manière suivie. Il est essentiel pour les proches d’apporter leur soutien sans juger la personne qui se blesse, sans l’obliger à montrer ses blessures ou la punir en cas de rechute.
Le recours à une aide psychologique est généralement nécessaire. Trouver la thérapie et le psychologue ou le psychiatre qui conviennent peut demander du temps et plusieurs changements. Les traitements médicamenteux sont une aide ponctuelle réduisant le mal être, la fatigue et les tendances suicidaires dans bien des cas mais ne résolvent pas les problèmes à l’origine de l’automutilation. Les personnes qui s'automutilent ne veulent pas se suicider mais bien se punir ou se soulager.
Les rechutes sont fréquentes, les progrès sont souvent lents et effectués « en arrière plan » mais cependant bien réels. Se blesser moins souvent, moins gravement, avoir recours à des méthodes de substitution à l’acte d’automutilation (par exemple dessiner des coupures sur soi ; verser un liquide rouge à l’endroit où l’on a envie de se blesser ; serrer des glaçons dans ses mains) est à considérer comme un progrès significatif. En finir de façon définitive avec l’automutilation demande beaucoup de volonté, or la volonté des personnes qui en souffrent est souvent annihilée par un trouble dépressif. L’automutilation représente l’aspect spectaculaire d’un profond mal-être ; résoudre le problème de l’acte d’automutilation sans comprendre le problème de fond n’est généralement pas suffisant et ne mène alors qu’à le remplacer par d’autres comportements autodestructeurs.
Pour éviter qu'une personne s'automutile, il ne faut pas lui enlever tous les objets qui peuvent être utilisés pour se blesser, sauf en cas de danger vital. En effet, l'automutilation n'est qu'un symptôme, et empêcher les blessures ne résout pas le problème de fond. Sans avoir de substitut pour se soulager ou exprimer son mal-être, être privé brutalement de la possibilité de se faire mal peut aggraver le mal-être, et même provoquer un comportement suicidaire.
Œuvres liées au thème de l'automutilation
L’automutilation est le fait pour une personne de s'infliger délibérément des blessures. Elle peut être faite dans plusieurs buts, comme se punir, ou pour se soulager de problèmes personnels ou professionnels. Dans tous les cas, les blessures sont infligées seul, sans l’intervention d’un tiers. L’automutilation est listée par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux comme un symptôme du trouble de la personnalité borderline et elle est parfois associée à d’autres troubles psychopathologiques tels que la dépression ou les troubles du comportement alimentaire.
La méthode d’automutilation la plus utilisée est de se couper, mais ce n’est pas la seule et la définition inclut aussi les coups, les brûlures, les éraflures, les morsures, et bien d’autres atteintes corporelles infligées à soi-même.
Facteurs de risque
Un certain nombre de facteurs sociaux ou psychologiques ont une corrélation avec l’automutilation.
Les diagnostics généralement associés à l’automutilation sont la dépression et le trouble de la personnalité borderline.
Les causes de l’automutilation sont difficiles à déterminer et varient largement d’une personne à l’autre. On note tout de même deux facteurs principaux, mais loin d’être systématiques : les abus sexuels et les invalidations (être critiqué ouvertement, ne pas avoir été encouragé, avoir été souffre-douleur ou tout autre comportement nuisant directement à l’estime de soi).
Les personnes touchées par l’automutilation représentent 0,2 à 2,4% de la population et sont principalement des filles (dans 67 à 97% des cas selon les études), adolescentes ou jeunes adultes. Malgré le nombre relativement élevé de personnes concernées, peu d’informations francophones pertinentes sont disponibles sur ce sujet.
Psychologie
Les personnes qui s’automutilent le font généralement pour mettre fin à des sentiments qui leur sont trop intenses. Il peut s’agir de tristesse, d’angoisse, de colère, de culpabilité, (la blessure est alors souvent infligée comme punition) ou même de sentiments positifs.
- La sensation de vide, de perdition et de solitude -parfois conséquence de la dissociation- peut aussi mener à l’automutilation, qui a alors pour but de « ramener à la réalité ».
- Ce comportement peut amener à une addiction et la blessure devient alors la réponse immédiate et logique à une situation difficile psychologiquement. L’automutilation a d’ailleurs été classée dans les troubles addictifs en 2006.
- Certaines personnes s’infligeant volontairement des blessures ne ressentent que peu voire aucune douleur (couramment dans les cas de dissociation).
Les cicatrices qui peuvent résulté de l’automutilation ne sont que rarement recherchées. Elles finissent le plus souvent par être acceptées comme une preuve de ce qui a été vécu et surmonté, un souvenir.
Traitement
Se blesser volontairement est un comportement qui, loin d’être anodin, est généralement révélateur d’un profond mal être. Dans la mesure où ce comportement aide à surmonter certaines situations ou un quotidien considéré comme trop dur à supporter et permet de retrouver un certain apaisement, un contrôle de soi, il peut devenir une addiction dont il est difficile de sortir ; pour beaucoup de personnes s’installe un phénomène comparable à l’accoutumance, avec une augmentation du nombre, de la fréquence ou de la gravité des blessures.
Assez souvent, on remarque que les personnes qui s’automutilent ont des difficultés à reconnaître, à gérer et à exprimer certains sentiments autrement que par des blessures corporelles. Une première étape peut donc consister à prendre conscience de son mal être et à l’exprimer d’une façon non destructrice, par exemple par l’écrit ou par la parole.
Les proches d’une personne qui s’automutile peuvent agir en étant disponible et à l’écoute, en instaurant une confiance réciproque, en proposant leur aide sans insister mais de manière suivie. Il est essentiel pour les proches d’apporter leur soutien sans juger la personne qui se blesse, sans l’obliger à montrer ses blessures ou la punir en cas de rechute.
Le recours à une aide psychologique est généralement nécessaire. Trouver la thérapie et le psychologue ou le psychiatre qui conviennent peut demander du temps et plusieurs changements. Les traitements médicamenteux sont une aide ponctuelle réduisant le mal être, la fatigue et les tendances suicidaires dans bien des cas mais ne résolvent pas les problèmes à l’origine de l’automutilation. Les personnes qui s'automutilent ne veulent pas se suicider mais bien se punir ou se soulager.
Les rechutes sont fréquentes, les progrès sont souvent lents et effectués « en arrière plan » mais cependant bien réels. Se blesser moins souvent, moins gravement, avoir recours à des méthodes de substitution à l’acte d’automutilation (par exemple dessiner des coupures sur soi ; verser un liquide rouge à l’endroit où l’on a envie de se blesser ; serrer des glaçons dans ses mains) est à considérer comme un progrès significatif. En finir de façon définitive avec l’automutilation demande beaucoup de volonté, or la volonté des personnes qui en souffrent est souvent annihilée par un trouble dépressif. L’automutilation représente l’aspect spectaculaire d’un profond mal-être ; résoudre le problème de l’acte d’automutilation sans comprendre le problème de fond n’est généralement pas suffisant et ne mène alors qu’à le remplacer par d’autres comportements autodestructeurs.
Pour éviter qu'une personne s'automutile, il ne faut pas lui enlever tous les objets qui peuvent être utilisés pour se blesser, sauf en cas de danger vital. En effet, l'automutilation n'est qu'un symptôme, et empêcher les blessures ne résout pas le problème de fond. Sans avoir de substitut pour se soulager ou exprimer son mal-être, être privé brutalement de la possibilité de se faire mal peut aggraver le mal-être, et même provoquer un comportement suicidaire.
Œuvres liées au thème de l'automutilation
- Allein (2004), film de Thomas Durchschlag
- Automutilation (2005), livre de Marion Deville Cavellin
- Ado à fleur de peau (2006), livre de Xavier Pommereau
- Borderline (2008), film basé sur les livres de Marie-Sissi Labrèche
- Crash (1996), film de David Cronenberg
- Dans ma peau (2002), film de Marina de Van
- La peau et la trace (2003), livre de David Le Breton
- La Secrétaire (2003), film de Steven Shainberg
- Le Moi-peau (1995), livre de Didier Anzieu
- Sur ma Peau (2007), livre de Gillian Flynn.
- Le secret de Dawn (2000), téléfilm de Norma Bailey
- L'adolescence scarifiée (2009), livre de Xavier Pommereau
- L'ennemi en moi, histoire vraie d'une victime du trouble de la personnalité limite (2008), livre d'Etienne Gervais
- Thirteen (2003), film de Catherine Hardwicke
- Une vie volée (Québec : Jeune fille interrompue) (2000), film de James Mangold